Lauro Macías Ortega, le respect comme ligne de vie

Qu’est-ce qui peut amener un jeune ingénieur mexicain à animer des formations en Chine, tenir des conférences en Hongrie, et piloter des workshops aux USA ? Lauro est tombé très jeune dans la marmite des soft skills, jusqu’à devenir Master Trainer chez Gordon Training International. Un parcours plein d’apprentissages.

« J’ai une relation très spéciale, très riche, avec mon père. Nous sommes tous les deux très proches. Pendant longtemps, cela me semblait tellement “normal” que la question de savoir comment cela se faisait ne m’effleurait même pas ! Un jour, j’ai réalisé que la qualité de cette relation s’était construite grâce à la méthode Gordon, ou en tout cas qu’elle s’en était nourrie. Tout le monde n’a pas la chance de bénéficier de cet apport un peu magique, qui permet de construire la relation humaine sur l’authenticité. Je pense qu’une partie importante de ma vocation vient de là, en fait ; partager ce cadeau dont j’ai bénéficié ».

Jeune diplômé en Système d’Organisation Industrielle à l’Institut Technologique de Monterrey, Lauro complète son cursus par un Master of Science « Management de l’Environnement » à l’Université de Cottbus, en RFA. Quand il rentre au pays, son papa est très occupé… Associé à quelques partenaires, il anime et co-dirige une école privée réputée, qui accueille 1.000 écoliers – de la maternelle au collège : l’éducation est sa passion. C’est d’ailleurs comme cela qu’il découvre les travaux du Dr Thomas Gordon et qu’il fait l’acquisition des licences pour les formations Gordon Training au Mexique. Mais le temps manque pour adapter les modules de formation en espagnol et en organiser la commercialisation. « Lauro, que penserais-tu de m’aider sur ce projet ? ».

Le projet d’une vie

Il s’attaque d’abord aux formations Gordon à destination du monde de la famille et de l’éducation, qu’il lance au Mexique à partir de 2010. Puis, en 2011, Lauro part chez Gordon Training International, en Californie, pour se former et obtenir la certification de Master Trainer L.E.T. (Leader Effectiveness Training) – le parcours de formation « méthode Gordon » à destination du monde professionnel.

A Solana Beach, au siège de GTI, Lauro retrouve celui qui l’accompagne depuis qu’il a rejoint l’aventure Gordon et qui est devenu son mentor : Steve Emmons. « Steve m’a pris très tôt sous son aile, il a directement contribué à mon développement au sein du réseau Gordon. Ce n’était pas évident de confier des formations en anglais à un formateur hispanique, croyez-moi. J’ai énormément bénéficié de ses conseils, et de sa confiance ».

Lancer des programmes de formation “Leadership” au Mexique, le challenge est réel. Le tissu économique est constitué en grande majorité de petites entreprises, essentiellement préoccupées par leur survie à court terme. Dès qu’il a finalisé le travail d’adaptation des modules L.E.T. pour le Mexique, Lauro intègre dans son organisation une collègue formatrice, Norma Campos. Elle va se focaliser sur le marché domestique, afin qu’il puisse se concentrer sur le développement à l’international, au travers du réseau mondial Gordon Training – dont fait partie Gordon Crossings, en charge du marché français.

Lauro Macias Ortega, en pline préparation pour une formation en Chine

« Ces collaborations à l’international sont des opportunités exceptionnelles. C’est certainement d’une grande exigence en termes d’investissement personnel, mais la récompense est là, à chaque fois. Piloter des formations en contexte multiculturel est d’une richesse incroyable. Par exemple, j’ai travaillé avec mes amis de Gordon Crossings pour un de leurs clients français, un groupe industriel et technologique. J’avais la responsabilité de déployer une série de formation “Change Management” au bénéfice des équipes de ce groupe aux USA, dans les différents établissements nord-américains : épuisant mais vraiment passionnant ! ». 

Une approche universelle ?

Lauro ne considère pas que la philosophie humaniste portée par Thomas Gordon et concrétisée dans son approche de communication puisse se décliner de façon strictement identique d’un pays à l’autre. Pour autant il est convaincu que la philosophie et les principes de l’approche Gordon sont universels : « La méthode Gordon, c’est un peu le théorème de Pythagore de la communication ! La philosophie et les principes sont indiscutables, à quelque endroit de la planète. Néanmoins, dans sa mise en œuvre, il faut savoir adapter l’approche à chaque culture, dans le respect de ses valeurs culturelles spécifiques. Les cultures et ancrages en termes de styles de leadership, comme dans ceux de la parentalité, sont tellement différents d’un pays à l’autre – heureusement ! La démarche Gordon est, elle, véritablement universelle : la qualité de la communication est le socle de la qualité de la relation. On a tous besoin d’écouter et d’être écouté, de savoir s’affirmer sans agressivité, de résoudre ses différends dans le respect de l’autre. ».

Le formateur – facilitateur

Respect ; le mot est lâché. Lauro fait partie de ces formateurs qui rejettent l’idée de se positionner comme le “sachant”. Pour lui, le contenu de la formation est apporté par le groupe. Il se voit comme le facilitateur, celui qui s’assure que chacun peut contribuer, dans les limites du cadre fixé par le groupe. « En fait, j’aborde chaque session de formation comme si c’était la première. Parce que c’est la première !  Eux, moi, cet endroit, ce moment, c’est unique et non-reproductible. Alors partons d’une page blanche et construisons ensemble. Je ne suis pas le “big boss”, je ne suis pas plus intelligent que les autres personnes dans la salle. Ils ont chacun tant de choses à m’apprendre. Tout mon travail est axé sur le respect que j’ai pour le temps qu’ils me consacrent et l’implication qu’ils témoignent à tout le groupe. Le respect génère la confiance, et la confiance simplifie tout processus d’échange, d’apprentissage, de changement. Le respect est ma ligne de vie. »

Crédit photo GAO Yifeng