Récemment, un ami m’a dit que sa mère voulait paraître moins « imparfaite » qu’elle ne l’était en réalité. Elle était « gentille » et cela signifiait en fait ne pas être honnête avec les gens qui lui étaient proches à propos de choses qui l’irritaient ou la dérangeaient. Elle ne laissait voir à son entourage que les aspects d’elle-même qu’elle percevait comme corrects, positifs, seulement ses forces, et non ses faiblesses.
Mon ami regrettait qu’elle n’ait pas pu avoir une vie plus authentique et des relations plus profondes et sincères. Selon ses propres termes : « Les funérailles de ma mère ont été difficiles pour moi parce que la personne représentée durant la cérémonie avait peu à voir avec ce qu’était vraiment ma mère. J’aurais aimé que plus de gens puissent la connaître, avec ses failles et ses faiblesses mais de son vivant elle n’a donné accès à personne à ces aspects-là de sa personnalité ».
J’ai su que cela touchait une corde sensible en moi car les paroles de mon ami me sont revenues à l’esprit au cours des semaines qui ont suivi. J’ai commencé à réfléchir davantage à la fréquence à laquelle moi (et beaucoup d’entre nous !) faisons la même chose : nous priver de la possibilité d’être notre vrai moi, authentique, dans les choix quotidiens. La vie n’est pas faite que de grands événements, elle se déroule surtout dans les centaines de petites choses qui font le quotidien. Comment nous nous occupons, comment nous parlons aux gens, avec qui nous choisissons de passer du temps, ce à quoi nous pensons, ce sur quoi nous travaillons : c’est tout cela qui constitue notre vie quotidienne. Les décisions et les choix que nous faisons chaque jour ont donc une réelle importance.
Lorsque nous sommes « gentils » ou avons la « bonne attitude », ou que nous nous dérobons à une interaction stressante ou que nous décidons de ne pas poursuivre une pensée, une idée ou un objectif qui nous passionne, nous nous trahissons. Nous nions qui nous sommes à ce moment-là. Nous freinons notre propre croissance et, par extension, celle des autres. Nous manquons l’occasion de vivre pleinement notre vie.
Qu’est-ce qui nous en empêche ?
La peur : la peur qui nous bloque, qui nous empêche de répondre à nos besoins importants ou peut-être même de découvrir ce qu’ils sont. La peur qui nous empêche de pleinement fonctionner.
Parce que nous avons souvent peur de l’inconnu, nous avons peur du changement. Nous choisissons d’être prudents et de nous en tenir à ce que nous savons. Nous nous empêchons de relever certains défis, d’entreprendre certaines actions, d’occuper certains postes et de nouer certaines relations. Nous nous adaptons à des situations désagréables, mauvaises ou malsaines parce que c’est plus confortable que d’affronter l’inconnu. On pourrait appeler cela la « peur de vivre ». Comme le dit la psychologue Rochelle Myers, « la plupart des gens vivent sur la pointe des pieds en essayant d’atteindre la mort en toute sécurité ».
La clé est l’acceptation de soi
La véritable acceptation de soi se produit lorsque nous pouvons accepter chaque aspect de notre être et de notre corps. Qu’est-ce qui conduit à une telle acceptation de soi ? Comment pouvons-nous en arriver à accepter tous nos sentiments, toutes nos pensées et tous nos besoins ? Cela commence lorsque nous nous ouvrons aux aspects cachés de nous-mêmes et que nous les acceptons, les intégrons et même les enlaçons.
Voici une autre utilisation puissante et importante de l’écoute active (qui est le langage de l’acceptation) : tout comme nous le faisons avec les autres lorsqu’ils ont besoin d’empathie, de compréhension et d’acceptation, nous pouvons nous accompagner nous-mêmes. Tout comme nous aidons un collègue de travail, un enfant ou un ami à surmonter sa colère et à atteindre un sentiment ou un point de vue plus profond, nous pouvons jouer ce même rôle vis-à-vis de nous-mêmes. Lorsque nous perdons le besoin de nous juger constamment et que nous pouvons apprendre à nous accepter nous-mêmes, nous nous ouvrons la possibilité de devenir de plus en plus ce que nous sommes capables d’être, car le fait de nous accepter tels que nous sommes nous donne en fait la liberté de changer. Nous commençons à découvrir toute l’étendue de notre propre singularité et à nous sentir libres de l’exprimer et d’agir en conséquence.
Nous pouvons également développer une acceptation de soi plus profonde en établissant, en entretenant et en maintenant des relations que l’on peut qualifier de « thérapeutiques » avec d’autres personnes – des personnes qui nous acceptent tel que nous sommes et non tel que nous pensons devoir être. Il s’agit de relations dans lesquelles chacun de nous est libre et désireux d’être lui-même, c’est-à-dire que nos paroles et notre comportement correspondent à nos sentiments, et dans lesquelles nous pouvons tous deux nous écouter avec empathie. Lorsque nous avons tous les deux le courage, la compétence et l’intention d’entretenir de telles relations, nos interactions permettent aux personnes uniques que nous sommes de continuer à émerger.
Traduit et adapté par Paul Herlaut
Photo Lisa Fotios / Pexels