Affirmer son leadership : sur quoi peut-on s’appuyer ?

« Cette femme, elle démontre un sacré leadership auprès de son équipe… Ils la suivraient au bout du monde ! » souffle son collègue, admiratif. Oui, le leadership impressionne, dans tous les domaines et donc aussi dans l’univers professionnel. C’est quoi un « bon leader » ? Et sur quelles qualités peut-on s’appuyer pour affirmer son leadership ?

De l’anglais « to lead » (guider, mener, conduire, diriger), le « leader » est celui qui exerce un certain « leadership », c’est-à-dire une capacité à diriger et influencer les autres. On peut donc définir le « leadership » comme la capacité d’une personne à influencer et à fédérer un groupe pour atteindre un but commun, dans une relation de confiance mutuelle et pour une durée limitée. Le leadership repose sur un certain nombre de qualités personnelles et de compétences opérationnelles, notamment sur le plan des habiletés de communication.

Un leadership très différent selon le type d’organisation

En fonction du type d’organisation des groupes et de ses valeurs profondes, le leadership n’est pas fondé sur les mêmes bases.

Dans les sociétés de type tribal, la capacité d’influence est fortement liée à l’ancienneté, à l’expérience, à l’âge. Ainsi, le patriarche, le « vieux », le chef de famille ou même les ancêtres, vont être les principales figures de l’influence sociale. Il sera dès lors très difficile, voire impossible, d’être accepté comme « leader » si l’on est jeune, avec peu d’expérience, quelles que soient les qualités et compétences réelles.

Dans les groupes violents, comme les gangs de rue ou mafieux, celui qui s’impose par sa force, son courage, son audace, qui impressionne les autres (voire leur inspire une certaine crainte) pourra porter le costume de leader. Le leadership est alors synonyme de « pouvoir ». Mais, à la moindre marque de faiblesse, il risque d’être remplacé par quelqu’un qui imposera sa propre puissance.

Longtemps dans notre histoire, le leader a tout simplement été celui qui exerçait la fonction de chef (de l’État, de l’église, de l’armée, de la seigneurie, etc.), le statut dans la hiérarchie sociale se confondant avec le rôle de leader. Chacun devait rester à sa place dans la structure, au service d’une cause supérieure.

Encore aujourd’hui, dans certaines organisations bureaucratiques, où les statuts ne sont pas forcément corrélés avec les qualités et compétences des acteurs, les leaders potentiels existent mais peuvent difficilement émerger. Il faut d’abord qu’ils gravissent une à une les marches de la pyramide organisationnelle, en respectant toutes les règles et en les faisant respecter. La répartition du pouvoir d’influence est avant tout fixée dans le marbre de l’organigramme.

Dans le monde de l’entreprise moderne, le leader est davantage celui qui est « performant », qui obtient des résultats grâce à son mérite, à ses compétences, à sa stratégie. Le leader prend des risques, assume des responsabilités, n’a pas peur de la concurrence, est « compétitif ». Il motive ses troupes en les impliquant et en les récompensant – matériellement ou relationnellement). Le leader est vu comme une sorte de héros du succès et devient un exemple à modéliser.

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Vers un nouvelle expression du leadership

Ce début de 21ème siècle voit émerger un nouveau paradigme du leadership, avec notamment la fin progressive du leader comme héros charismatique.

Le management évolue dès lors vers des principes plus coopératifs, s’appuyant davantage sur les capacités de dialogue, de concertation, de négociation, d’implication durable entre les acteurs. Certains parlent même de « leadership collectif », partagé, basé sur une culture de la confiance et de la coopération.

Le nouveau leadership cherche l’équilibre, toujours instable, entre l’efficience économique, la performance dans l’atteinte des objectifs fixés, la responsabilité sociale et environnementale et le développement des individus au travail. Cette évolution ne surgit pas du néant, elle se nourrit de toutes les pensées précédentes et épouse les changements socioculturels de notre époque.

Le leader porte, incarne et représente les valeurs du groupe à un instant « t », c’est ce qui fonde en partie son charisme dans les yeux et l’esprit de ceux qui sont prêts à le suivre, à se laisser guider par lui.

Les qualités et compétences des leaders

De ce fait, les qualités et compétences nécessaires pour exercer un leadership efficace sont nombreuses et variées, car elles dépendent des contextes, des groupes et des organisations dans lesquels ce leadership va se déployer et s’affirmer. Elles sont autant de formes d’intelligences à développer et à adapter aux différents contextes et peuvent se regrouper en 4 axes :

  • Les capacités intrapersonnelles ;
  • Les capacités managériales ;
  • Les capacités relationnelles ;
  • Les capacités situationnelles.

Les capacités intrapersonnelles

Le leader a d’abord besoin de s’appuyer sur lui-même, sur ses forces personnelles et intérieures et sur sa capacité à gérer ses propres processus cognitifs et émotionnels, particulièrement la pression et le stress qui en découle.

Avoir du leadership demande de développer une bonne estime de soi, de s’accorder une valeur positive de manière durable, de se construire à partir d’une évaluation de soi reposant sur ses principales forces et talents. Vient alors la confiance en soi, qui se bâtit sur l’accumulation d’expériences de réussite et crée de l’assurance. Cela se traduit ensuite par une capacité d’affirmation de soi ou d’assertivité.

Une personne confiante, affirmée et qui s’estime, développe généralement une représentation optimiste des défis qu’elle s’apprête à relever avec enthousiasme.

Le leader doit aussi faire preuve de courage, notamment dans les décisions à prendre et de persévérance pour mener à bien certaines actions de long terme.

Enfin, dans sa gestion personnelle, le leader fait généralement preuve d’autodiscipline pour être parfaitement autonome dans son organisation du temps et de l’espace.

Les capacités managériales

Si un bon manager n’est pas forcément un leader, un bon leader doit posséder de solides compétences managériales.

Tout d’abord, il lui faut développer une vision systémique et stratégique des buts à atteindre et savoir donner du sens à l’action collective. On attend aussi du leader l’aptitude à prioriser, à dissocier l’important du futile. Le leader sait fédérer autour des objectifs communs et motiver les acteurs, grâce à un management délégatif basé sur la confiance. Le leader cherche non pas à diriger des subordonnés mais plutôt à faire émerger le potentiel de ses collaborateurs.

En cas de problème, le vrai leader assume ses responsabilités, reconnait ses erreurs et, plutôt que se victimiser, réagit pour trouver des solutions de remédiation.

Les capacités relationnelles

Les compétences comportementales (ou « soft skills ») sont indispensables pour assumer les fonctions de leader.

L’écoute est bien sûr la première d’entre elles. L’écoute active est basée sur l’empathie cognitive et émotionnelle. Elle permet de comprendre l’interlocuteur de manière profonde.

En pratiquant cette forme d’écoute, le leader se met en « position basse », crée une relation de respect mutuel, tout en recueillant les informations utiles à sa prise de décision efficace. L’authenticité de la communication du leader est le gage d’une relation de confiance à long terme. Sa présence physique participe à la force de persuasion et à la congruence du message – la cohérence entre les valeurs, les paroles et les actes.

Le leadership communicationnel repose aussi sur les capacités d’expression orale et en public. L’impact de l’orateur qui sait mobiliser par le discours est essentiel. Mais il doit aussi se transformer assez rapidement en actions concrètes, au risque sinon de passer pour un simple exercice rhétorique. 

Les capacités situationnelles

Le leader a comme qualités reconnues sa capacité à s’adapter au changement, à être réactif et à prendre des décisions, même et surtout quand l’environnement est incertain.

Pour cela, Il s’appuie sur une expertise reconnue – bien connaitre son métier, faire autorité dans son domaine d’activité – mais aussi sur sa capacité à apprendre constamment, grâce à sa curiosité. Ses qualités d’ouverture à la nouveauté, tout en s’appuyant sur ses connaissances étayées, permettent au leader de rechercher l’innovation, de susciter la créativité collective, afin de trouver des solutions inventives aux différents problèmes survenant dans un environnement complexe et changeant.

Dans un avenir très proche, le leader aura comme challenge d’arriver à faire travailler ensemble 3 formes d’intelligences complémentaires : l’intelligence émotionnelle des individus, l’intelligence collective des groupes et l’intelligence artificielle des machines. Une équation complexe, qu'il ne pourra résoudre sans cultiver la "force d'attraction" qu'on lui reconnaît grâce aux valeurs puissantes qu'il démontre au quotidien : l'humilité, l'équité, l'objectivité, le respect, l'exemplarité.

Références :

  • « Le leadership selon Warren G. Bennis » dans Théorie des organisations – Jean-Michel Plane
  • « Les sept habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent » – Stephen Covey
  • « Leadership BS : Fixing Workplaces and Careers One Truth at a Time » – Jeffrey Pfeffer

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