Tout le monde connaît la peur, ressent la peur, a peur. Pourtant, nous serions probablement surpris de réaliser à quel point notre comportement quotidien est motivé par le besoin d’atténuer nos peurs, au lieu de les affronter. Et comme la peur est souvent considérée comme une faiblesse, il n’est pas « acceptable » d’en parler. Non seulement nous ne parlons pas de nos peurs, mais souvent nous n’admettons même pas que nous en avons. Nous les refoulons pour ne plus avoir conscience de leur existence. Nous nous habituons tellement à vivre avec nos peurs que nous n’en sommes parfois plus conscients. Par conséquent, de nombreuses personnes n’affrontent pas leurs peurs et les laissent au contraire contrôler leur vie.
Vous vous dites peut-être : « Mais la peur n’est-elle pas une bonne chose ? » Elle nous signale que quelque chose nous menace ou menace quelqu’un que nous aimons. Par exemple, disons que votre enfant est sur le point de traverser la rue sans regarder, que vous entendez un cambrioleur dans votre maison, que vous avez de fortes douleurs à la poitrine ou que vous ressentez un tremblement de terre. Dans de tels cas, la peur est précieuse car elle vous motive à agir – à secourir, à obtenir une aide médicale, à courir ou à vous défendre d’une manière ou d’une autre. Nous devons écouter ces peurs et y répondre. Elles peuvent nous garder en vie et en sécurité.
Mais il existe un autre type de peur, celui sur lequel je veux me concentrer ici.
Ce sont les peurs qui nous empêchent de vivre notre vie – les peurs qui nous bloquent, qui nous empêchent de satisfaire nos besoins importants. Elles nous empêchent de fonctionner pleinement, que nous soyons dans un environnement professionnel ou personnel. Elles peuvent perturber notre vie. Elles sont à l’origine d’un grand nombre de nos problèmes.
Les peurs non résolues qui nous amènent à restreindre ou à limiter notre potentiel de vie peuvent être les suivantes :
- la peur de faire une erreur ou de prendre une décision importante
- la peur de perdre son emploi ou de quitter un emploi insatisfaisant
- la peur de commencer ou de terminer une relation amoureuse
- la peur de s’exprimer en public
- la peur de se mettre en colère ou de voir les autres se mettre en colère contre vous
- la peur d’être seul ou de faire des choses seul
- et bien d’autres encore…
Les peurs que nous développons dépendent de nos expériences individuelles passées. Certaines d’entre elles sont relativement mineures, tandis que d’autres peuvent bouleverser notre vie.
Ce qui se passe quand on n’affronte pas ses peurs
Ce que nous faisons souvent lorsque l’une de ces peurs surgit, c’est d’en faire une catastrophe. Nous permettons alors à la peur de contrôler nos pensées, nos paroles et nos actions. Nous imaginons le pire si nous devions agir et, par conséquent, nous laissons notre peur nous immobiliser.
Parce que la peur est souvent liée à l’inconnu – au changement – nous choisissons d’être prudents et sûrs et de nous en tenir à ce que nous connaissons. Nous nous empêchons de relever certains défis, d’entreprendre certaines actions et de nouer certaines relations. Nous nous adaptons à des situations désagréables, mauvaises ou malsaines parce que c’est plus confortable que d’affronter l’inconnu.
Si l’on voulait généraliser, on pourrait appeler cela la « peur de vivre ».
La plupart des gens traversent la vie sur la pointe des pieds en essayant d’atteindre la mort en toute sécurité.
Dr Rochelle Myers
Le problème est que, lorsque nous choisissons continuellement d’éviter, de fuir ou de nous adapter aux situations qui nous rendent anxieux plutôt que de les résoudre, notre monde se rétrécit. Lorsque nous choisissons d’éviter de faire face aux situations qui nous font peur au lieu de les traverser, nous confinons et limitons notre vie.
Prenez une minute pour réfléchir à votre propre vie. Y a-t-il des situations que vous n’aimez pas mais que vous choisissez de ne pas changer parce qu’il vous semble plus facile de vivre avec ce que vous connaissez plutôt que de risquer le changement – quelque chose d’inconnu – qui pourrait améliorer ou enrichir votre vie ?
Que pouvons-nous faire face à ces peurs ?
La peur est comme n’importe quel autre problème : elle ne peut être traitée et résolue que si nous en sommes pleinement conscients, si nous choisissons de l’affronter, de la traverser et, finalement, de la surmonter.
Il ne fait aucun doute que les parents ont une grande influence sur notre façon de voir et de gérer la peur. Tout comme les enfants apprennent de leurs parents un grand nombre de leurs attitudes et de leurs valeurs, ils apprennent aussi leurs peurs. Tout aussi important, ils apprennent à gérer la peur en observant comment leurs parents y font face. Si les parents se montrent impuissants face à la peur, les enfants apprennent à éviter les situations effrayantes en pensant qu’ils ne peuvent pas y faire face. Si les parents font preuve de courage face à une situation effrayante, les enfants apprennent qu’ils peuvent eux aussi faire face à la peur.
La bonne nouvelle ici est que ce que vous avez appris, vous pouvez le désapprendre. Les peurs peuvent être désapprises. Et de nombreuses recherches prouvent que c’est le cas. De nombreuses peurs, même intenses, peuvent être réduites ou éliminées.
Même si cela ne semble pas toujours être le cas, nous avons le choix chaque fois que nous sommes confrontés à une situation qui nous fait peur. Nous pouvons laisser la peur limiter, rétrécir et restreindre notre vie ou nous pouvons choisir de l’affronter et de la surmonter. Comme nous le savons tous, choisir d’éviter et de ne pas affronter la peur n’est pas une bonne solution, car la peur qui n’est pas reconnue et affrontée ne disparaît pas. Et non seulement elle reste, mais elle s’aggrave souvent avec le temps.
Lorsque nous assumons nos propres peurs, nous sommes alors en mesure de les apprivoiser et de les surmonter. Le courage ne signifie pas l’absence de peur et d’anxiété – il signifie avoir la capacité d’aller de l’avant même si nous avons peur. C’est la persévérance malgré la peur.
Trouvez le courage de « le faire quand même »
Cela commence par la prise de conscience que certaines peurs se dressent sur votre chemin ; elles vous empêchent de fonctionner pleinement et aussi efficacement que vous le souhaitez.
Vient ensuite la volonté de sortir de sa zone de confort – cette zone de confort étant constituée de toutes les choses routinières que nous faisons et disons chaque jour et qui nous semblent confortables et sûres. Nous avons besoin de cette zone de confort, cela ne fait aucun doute, et nous avons besoin d’y être la plupart du temps. Nous avons besoin de nous sentir en sécurité et à l’aise. Mais nous avons aussi besoin de défis et de changements pour apprendre, grandir et nous développer, et il est nécessaire de sortir de notre zone de confort pour y parvenir.
Il peut être utile de dresser une liste de vos peurs – les choses que vous avez peur de faire ou de dire. Pensez aux peurs qui perturbent votre vie, aux choses qui vous empêchent de fonctionner pleinement. Ces peurs peuvent inclure des éléments comme :
- Faire une présentation à un nouveau client potentiel.
- Se rendre seul dans un endroit où vous n’êtes jamais allé auparavant.
- Entamer des conversations avec de nouvelles personnes dans des situations professionnelles ou sociales.
- Avoir une conversation avec une personne avec laquelle vous avez un conflit ou un problème.
- Chercher un nouvel emploi.
- Apprendre à faire quelque chose que vous avez toujours voulu faire, par exemple, skier, chanter, piloter un avion, écrire, nager en pleine mer.
Plus vous définissez précisément votre peur, plus vous avez de chances de pouvoir la surmonter. Une fois que vous avez clairement défini certaines de vos peurs, voici trois étapes que vous pouvez suivre pour les surmonter.
1. Utilisez les autres comme modèle, c’est-à-dire observez les personnes que vous respectez ou admirez qui réussissent ce que vous avez peur de faire. Trouvez des personnes qui n’ont pas peur de faire quelque chose qui vous effraie et observez-les. Observez autant de personnes que possible et le plus souvent possible. Pensez également à vos succès passés dans des domaines proches s’il y en a.
2. Pratiquez ou répétez mentalement : c’est une façon d’essayer de nouveaux comportements dans votre esprit avant de les faire dans la vie réelle. Imaginez ou visualisez que vous réussissez à faire ou à dire ce que vous craignez. Il est important de vous voir en train de faire ce que vous voulez. Si possible, entraînez-vous réellement sans pression, par exemple devant un miroir ou avec un ami. Au cours de cette étape, il est très important de vous détendre consciemment pour réduire votre tension.
3. Faites-le ! Allez-y et essayez de faire ou de dire ce dont vous avez eu peur.
La présence de la peur peut signaler une opportunité ou un défi au lieu d'un problème inconfortable à éviter. Lorsque les peurs peuvent être nommées et acceptées comme telles, il devient possible de les apprivoiser. Il est même possible que vous accueilliez leur existence comme une opportunité de devenir davantage la personne que vous voulez être.
Traduit de l’anglais par Paul Herlaut – Photo Annett Seidler / AdobeStock