Qu’est-ce que l’assertivité ?

L’assertivité c’est la capacité à s’affirmer, à dire ce que l’on pense ou bien ce que l’on ressent de manière calme et assurée, sans agressivité ni violence. C’est d’une certaine manière ce qu’en langage courant on nomme parfois la force tranquille.

L’assertivité, ou comportement assertif, est un concept de la première moitié du XX e siècle introduit par le psychologue new-yorkais Andrew Salter désignant la capacité à s’exprimer et à défendre ses droits sans empiéter ceux d’autrui.

Pour définir l’assertivité, on l’oppose fréquemment à trois autres types de comportements que sont l’agressivité, la passivité (ou la soumission) et enfin la manipulation (cf. test de Dominique Chalvin).

Aujourd’hui, l’assertivité est auréolée de toutes les vertus ! Le Saint Graal de la relation interpersonnelle est bien l‘assertivité. Pas un article des revues spécialisés, pas un cours de management, pas un Ted Talk sur le leadership sans que l’assertivité soit présentée comme la quête absolue vers laquelle nous devons tous impérativement tendre.

A première vue, cet engouement pour l’assertivité a des fondements solides. Dire ce que l’on pense de manière simple, tranquille et affirmée, en toutes circonstances, c’est presque trop beau pour être vrai ! En outre, les « concurrents » de l’assertivité ne font pas rêver ! Qui pourrait dire que l’agressivité, la manipulation ou la soumission sont des modèles vers lesquels tendre ?

Pour muscler son assertivité, il est recommandé de se connecter le mieux possible à ses ressentis et à ses émotions afin de pouvoir les exprimer plus facilement avec confiance et sérénité. Si je suis clair avec moi-même sur la nature de mes émotions et sur le fondement de mes ressentis, alors il est plus simple – sans pour autant que cela soit totalement trivial, soyons honnête – de les exprimer avec assertivité.

L’assertivité : gare au risque d’indigestion !

Or, compte tenu du fait que l’assertivité apparait comme LE type de comportement à privilégier en toutes circonstances, certains peuvent avoir tendance, au nom de cette culture de l’assertivité, à s’adonner à un culturisme de l’assertivité. Et nous voilà bodybuildés en assertivité ! En conséquence de quoi, certains, pensant améliorer et optimiser leur efficacité relationnelle, vont consacrer beaucoup (trop, probablement) de temps et d’énergie à se connecter à leurs émotions et à leurs ressentis.

Et pourquoi pas, me direz-vous… Parce qu’à force de se connecter à eux-mêmes, ces personnes vont finir par avoir un ressenti sur tout et identifier leurs émotions sur n’importe quoi. Et là où cela devient problématique, c’est que souvent ces personnes – pensant encore ici nourrir une relation interpersonnelle de qualité – expriment à haute dose ces émotions et ces ressentis surabondants ! Alors certes, ils s’expriment avec assertivité et par conséquent, ne sont ni agressifs, ni manipulateurs, ni passifs. Mais force est de constater que cela induit ce que j’appellerai un bruit de fond relationnel qui finit par devenir nuisible à la qualité de la relation.

Alors oui, mille fois oui, l’assertivité est dans bien des cas préférable aux autres modes de communication interpersonnelle. Mais que cela ne devienne pas pour autant un prétexte pour exprimer des avis sur tout, des émotions sur chaque micro-détail et partager des ressentis à flux tendus.

Tout est question d’équilibre et de timing

Thomas Gordon insistait sur le fait que l’affirmation de soi ne pouvait se réaliser seule sans que son pendant, l’écoute, ne soit mise en œuvre. Que ce soit à l’échelle d’un échange ou d’une relation, une assertivité saine permet de « dire les choses » de façon à être écouté (en respectant l’autre) – et dans un second temps de laisser la place pour que l’autre s’exprime. C’est un pack : « je m’affirme + je t’écoute ». Ainsi, chacun a sa juste place dans la relation et le risque de surdosage est de fait limité.

Enfin, choisir le bon moment est clé. Il est crucial de s’assurer que l’autre est en état de recevoir notre message. Si sa capacité de réception est totalement fermée, il sera alors urgent d’attendre, de reporter notre affirmation de nous-même – pour se mettre à son écoute.

Gardons en tête les vertus du silence qui, en termes de relations interpersonnelles, libèrent parfois, aident souvent et apaisent presque toujours.

Pour aller plus loin sur l’assertivité, découvrez le Message-Je d’affirmation de Thomas Gordon dans ces deux articles : 
- Mieux travailler ensemble grâce au message-Je
- Le message-Je : un élément fondamental de l’Approche Gordon

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