C’est Carl Rogers, pionnier de la psychologie humaniste, qui a apporté la notion de « congruence » dans le champ des relations humaines. Elle est notamment décrite comme l’une des 3 attitudes-clés nécessaires à la relation d’aide – avec l’empathie et la considération positive inconditionnelle.
D’après le dictionnaire, la congruence est le fait de « s’ajuster parfaitement », d’être « en concordance ». La congruence est donc l’alignement et la cohérence entre nos pensées, nos ressentis, nos paroles et nos actions. Pour Carl Rogers, être congruent signifie que l’on arrive à faire coïncider la conscience que l’on a de soi-même avec la réalité de notre expérience vécue.
La congruence : croire ce que l’on dit, exprimer ce que l’on ressent et faire ce que l’on pense…
En ce sens, la congruence est le chemin vers l’authenticité : être soi-même, sans faux-semblant, sans tricherie, en mettant en concordance ce que nous vivons à l’intérieur et ce que nous exprimons vers l’extérieur, avec un sentiment d’unité.
La congruence va plus loin que la cohérence interne et l’alignement ; elle inclut ces notions et les déploie dans notre environnement, à travers la justesse de nos attitudes et l’adéquation de nos actions.
Lorsque nous sommes congruents, il y a conformité entre nos différents modes de communication :
- Verbal (les mots et leur signification) ;
- Paraverbal (la voix, les intonations…) ;
- Non-verbal (les postures, la gestuelle, les micro-expressions du visage…).
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément. »
Nicolas Boileau-Despréaux
La méthode Gordon : des outils pour développer sa congruence
La méthode Communication Efficace développée par le Docteur Thomas Gordon propose, par la pratique du message assertif et de l’écoute active, de développer une communication congruente.
La communication assertive nécessite d’être capable de se centrer sur soi (ce qui est important pour moi dans la situation, ce que j’en pense, ce que je ressens, ce que j’aimerais…), de se centrer sur l’autre (comment vit-il la situation de son point de vue ? que ressent-il ? que souhaite-t-il ?…) et d’être conscient du contexte dans lequel cette relation existe (quel est l’historique de notre relation ? il y-a-t-il des non-dits ? des malentendus ? des tensions ? des pressions ?…), ceci avec une vision distanciée. Ce n’est pas facile ! Et ces capacités peuvent se développer !
Savoir s’affirmer avec congruence
En cas de relation problématique par exemple, lorsque je vis mal une situation et souhaite l’exprimer clairement, sans agressivité ni manipulation, la première position (centrée sur soi) va permettre la congruence du message en utilisant le principe du « Message-Je » ou message assertif.
Exemple de « Message-Je » :
« JP, nous devons rendre notre rapport d’audit à notre client à la fin de la semaine. Or, je constate que vous n’avez toujours pas avancé sur votre partie et que vos collègues l’attendent pour pouvoir reprendre la main.
J’ai peur à présent que nous ne puissions tenir les délais réglementaires.
Ce qui nous mettrait en mauvaise position et risque de déclencher un contentieux. »
Ici, le manager observe une situation problématique, ressent de l’inquiétude face à celle-ci car il entrevoit les conséquences négatives sur la mission collective dont il a la responsabilité. Il décide donc d’en parler directement à la personne qu’il pense à l’origine du problème. Il fait attention à pointer le comportement, l’action ou la non-action qui pose problème, sans en faire une affaire personnelle, sans attaquer l’individu ni ses compétences générales.
Il ne se positionne pas non plus dans une relation de domination, évite d’infantiliser son collaborateur, car le but est de lui faire prendre conscience du problème et de l’impliquer dans la résolution.
Être congruent, c’est s’affirmer dans le respect de l’autre mais aussi de soi
Evidemment, il y a dans cette communication une demande implicite : « Qu’allez-vous faire JP pour résoudre ce problème ? »
Il pourrait aussi dire à son collaborateur : « JP, je vous demande de vous en occuper maintenant et de résoudre ce problème au plus vite, merci. »
Le fait de ne pas formuler le message de cette façon et de s’en tenir aux faits concrets observés, au sentiment d’inquiétude exprimé et aux conséquences probables envisagées, n’est pas un manque d’affirmation mais une façon de laisser une plus grande autonomie de réaction à l’interlocuteur.
Les choses sont dites clairement, la personne est confrontée directement ; charge à elle à présent de montrer qu’elle a conscience du problème et qu’elle envisage des pistes de résolution, même si cela consiste par exemple à demander de l’aide.
Le message assertif est l’expression de notre congruence. Pour être congruent, il s’agit d’être connecté à nos valeurs profondes, à nos besoins et nos émotions, et les exprimer sans faux-semblant, à travers nos attitudes, nos comportements.
La congruence est un pilier de l’affirmation de soi : la personne congruente dit ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent, et fait ce qu’elle dit. Sa communication reflète son authenticité et cela augmente sa force de persuasion, sa « présence », son charisme. Elle crée ainsi la confiance et renforce son potentiel d’influence.
Un leader ou manager d’équipe congruent construit plus facilement des relations authentiques et apaisées au sein de son équipe. Sa congruence l’aide à communiquer du sens, à partager une vision, à fédérer un collectif, à inspirer l’envie de s’impliquer. La congruence est donc une clé essentielle du leadership.
« Mon intervention est plus efficace quand j’arrive à m’écouter et m’accepter et que je puis être moi-même ; il ne sert à rien de feindre la sympathie si je me sens hostile ; de faire comme si je comprenais alors que je suis dans la confusion.
Mon authenticité est une condition essentielle pour que mon interlocuteur puisse à son tour y accéder et devenir ce qu’il est. »
Carl Rogers
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